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Washington d'ici
20 mars 2005

Everyone says I love you

    Quelle journée les amis, quelle journée ! Il y a de quoi remplir un minimum de quinze jours de blog ! Mais comme nous ne sommes pas avares, nous allons tout vous raconter. Asseyez-vous confortablement, ça risque d’être un peu long.

    Si vous avez lu attentivement l’épisode précédent, vous vous souvenez certainement que les népalais avaient pour mission, en ce samedi matin, d’aller à la banque et de faire quelques courses.

    Vous allez leur dire (et vous n’aurez pas tort) qu’ils passent leur temps à faire des courses. « Mon dieu ! Nous qui les avons connus pratiquement de gauche, les voilà sous le joug de la déesse consommation ! » Ce n’est pas totalement faux, mais ce n’est pas totalement vrai non plus. Dans tous les cas, les prochains paragraphes sont spécialement dédicacés à leurs amis sympathisants de Sud, d’ATTAC, de FO et autres PC (et ils en connaissent !). 

    Au risque de se répéter, il convient de constater qu’il est difficile de survivre sans voiture dans une société justement construite autour de ce seul moyen de locomotion. Fatigués de traîner des valises à roulettes minuscules pour ravitailler leur chez-eux, Anne-Laure et Vincent lancent dès aujourd’hui la grande opération UNE VOITURE POUR LES NEPALAIS ! N’hésitez pas à donner, ce n’est pas comme le Téléthon, vous saurez exactement où ira votre argent. Vincent a une petite préférence pour un pick-up Toyota customisé par l’équipe de Pimp my Ride : faites un petit effort  - vous ne voulez tout de même pas que les enfants du block lui lancent des pierres ?
   
    Cela a déjà été signalé ici, le printemps a fait son apparition dans le Maryland depuis quelques jours. C’est donc l’aisselle moite que nos deux amis sont arrivés au comptoir de la « Bank of America » le plus proche. Le but de la visite était de mettre le nom de Vincent à côté de celui d’Anne-Laure pour avoir comme qui dirait « un compte commun comme deux personnes mariés ». Lors de sa première visite, Anne-Laure avait en effet omis de préciser qu’elle partageait sa vie avec un népalais. Qui saurait l’en blâmer d’ailleurs, tant la présence de quelqu’un d’aimant et d’attentionné à ces côtés dans un pays étranger est une chose insignifiante que l’on oublie facilement (mais non, je ne suis pas aigri) (* voir note de fin de message pour la réponse d'Anne-Laure)?

    A la susdite banque, Anne-Laure et Vincent furent accueillis fort aimablement par un employé nommé Michael qui leur avoua avoir suivi quelques cours de français au lycée et avoir préféré par la suite l’espagnol. Nos deux amis le confortèrent dans son choix. Ici, l’espagnol est omniprésent. Le français ne se lit que sur quelques notices de produits importés du Canada ou de la patrie de Molière et de Loana (comme le brie de Meaux – mais nous y reviendrons plus tard).

    Prochaine étape du périple matinal : « The Sports Authority ». Il faut acheter des baskets à Vincent. Jusqu’à maintenant, la devise du népalais était celle de Winston Churchill (plus Winston que Churchill d’ailleurs) : « No sport ». Mais c’est décidé, cela va changer. Ce sera sport tous les jours. Enfin, presque tous les  jours. Au moins deux fois par semaine, ça c’est certain. Enfin, au moins plusieurs fois par mois, ça c’est sûr. Enfin, il lui faut des baskets, quoi. Il ne faut pas trop lui répéter, mais il a bientôt trente ans. Je crois qu’il rentre dans une sorte de crise personnelle. Ça pas être facile tous les jours pour Anne-Laure ; il faudra la soutenir.

    Le The Sports Authority c’est un Décathlon à l’américaine. Les ballons de football US côtoient les armes de chasse, les ballons de basket et les battes et gants de baseball.

 
    Une surface de 150,000 square feet (ou « pieds carrés ») entièrement dédiée au sport, cela correspond à une heure de visite. Ajoutez à cela une heure de plus pour choisir la paire de baskets en solde, il était bien 2:00 pm lorsque nos amis ont rejoint le désormais mondialement célèbre Giant du Rockville Pike.

    Ah, le Giant du Rockville Pike ! Quelle merveilleuse destination de promenade pour le samedi après-midi ! A côté de lui, le Carrefour Côte de Nacre de Caen est un infâme boui-boui. Regardez-moi ces étals de fruits luisants dressés au cordeau ! Regardez-moi ces oignons appétissants, gros comme les poings de Mike Tyson, rangés par ordre de taille et de couleur !

  giant annelaurecaddie
  etales1 oignons

    Appréciez ces couleurs chamarrées, ces produits fresh garanted, ces charcuteries sous vide que même les allemands n’en veulent pas, ces cornichons gigantesques, ces gâteaux de gélatine appétissants, ces french baguettes fabriquées maison, ces bries de Meaux à $8 (on vous avait bien dit qu’on y reviendrait), ces bougies avec des Jésus dessus, ces boissons aux parfums improbables, ces produits estampillés Star Wars omniprésents, ces donuts bigarrés, ces boulangères sexy, ces rayons de médicaments en libre-service… quel bonheur de passer tant de temps à arpenter ces rayons opulents alors que d’autres – les idiots – se cultivent en allant dans les musées gratuits du centre-ville de la capitale toute proche.

devanturegiant pharma2 donuts
boulang_re starwars2 starwars1
annelaureyeux2 boissons bougies
boites g_latine frenchbagueyye
    Et ce n’est pas terminé ! Parce qu’après avoir envoyé Vincent en éclaireur durant la semaine, après avoir devisé avec ses contacts bilingues en France, après s’être entretenue avec certains autochtones, Anne-Laure en est persuadée : la housse de couette existe, certains l’ont même déjà rencontré : pourquoi pas les népalais ? Tel Ulysse bravant mille dangers pour rejoindre Ithaque, tel Lancelot risquant sa vie pour retrouver le Graal, tel un doctorant en pleine rédaction de thèse, leur courage est inaltérable. Ils vont en trouver une et l’acheter. C’est écrit. C’est leur destin. God Damned Shit ! Ils ne vont pas se laisser faire !

    Après avoir re-reluqué tous les produits du rayon « bed » du Target, nos deux amis sont tombés sur une maman française et sa petite fille. La solidarité entre expatriés, ce n’est pas du chiqué ! La petite madame avoua chercher le rarissime produit depuis pas moins de six mois (véridique : nous avons une vidéo qui le prouve). Et finalement, au détour d’une console, après avoir dûment inspecté un paquet de prime abord anodin, les yeux d’Anne-Laure s’ouvrirent grand. Sa bouche s’entrouvrit. Le vol du temps se suspendit. On entendit les anges chanter les plus beaux des alléluias.  Les oiseaux tombèrent du ciel. Le monde n’existait plus. L’espace d’un instant, nos deux amis furent en état de grâce totale. « Putain ! Mais… mais… c’est une housse de couette !!!! ». Autant vous dire qu’ils n’étaient pas peu fiers. La madame française si soulagée de constater que sa quête est finie, leur proposa même de leur baiser les pieds et de construire un autel au sein du Target en leur honneur. Mais en fait, ils ont refusé parce que, you know, we are great, right but… it’s nothing. Never mind. It was a long way to find it but… it was a long way to Tipperary too. What ? No, just… sometimes we try to make some jokes. It isn’t funny ? Yes, we know. Sorry.

annelaurecouette2 annelaurecouette3 nousdeuxsurlacouette

Et en plus, elle est belle leur couette, non ?

    Ravis de ce dénouement inespéré, les népalais se sont ensuite préparés pour rejoindre Rachel à Silver Spring (22 stations de métro). Rachel est post-doc dans le labo d’Anne-Laure depuis cinq ans (http://www.usuhs.mil/mic/atmstaff.html). Elle est originaire de Camaret, là où les ecclésiastiques ont les … enfin, bref.

rachel2 rachel
    Au menu chez Rachel, il y avait des Crab Cakes (spécialité du Maryland) et un ragoût d’Agneau aux navets. Tout s’est très passé, jusqu’à ce que Rachel tente de nous tuer à coup de pelle.

rachel3

    - En fait, c’était pas la vraie Rachel, c’était un clone que des méchants y avaient fabriqué pour pouvoir nous enlever…
    - Heu… t’es sûr que ça va mon amour ?
    - Ben… c’est vrai, j’avoue : je fatigue un peu. Je vais me ressaisir pour la suite. Désolé.
    - Oui, applique-toi un peu s’il te plaît. J'ai l'impressions que tu deviens un peu schizo avec des "ils", "je", "nous" et puis tu passes du passé simple au présent sans arrêt, c'est fatiguant.
    - Oui, bon ok. Je vais faire attention. Tu permets que je m'y remette ?

    Bon alors en fait, la photo de Rachel avec la pelle a été prise lorsqu’elle expliquait à nos deux amis comment elle avait été obligée de déneiger sa place de parking à l’aide d’une pelle à poussière lors de son premier hiver ici. Au cours du repas, les népalais ont fait la connaissance de Djibril, un ingénieur en informatique sénégalais résident des USA depuis six ans. Djibril est vraiment très sympa. A force de côtoyer les américains, il parle un peu comme  Jean-Claude Van Damme mais il est vraiment charmant – surtout qu’il est un peu gaullé comme Jean-Claude Van Damme alors ils ne lui ont pas dit qu'il parle bizarre. Il les a approchés pour leur vendre sa voiture (à l’heure où ces lignes sont écrites, il semblerait que nos petits français soient plutôt en voie d’acheter la voiture de Rachel : on vous expliquera tout ça demain - NDLR) et leur a dit de ne pas hésiter à le contacter s’ils avaient des questions de quelque ordre que ce soit. Vraiment sympathique, non ? Il semblerait que jusqu’ici les népalais aient le séant bordé de Barilla.

    Après avoir quitté Djibril qui avait un rendez-vous prévu pour la soirée, le trio s’est dirigé vers la 18th avenue de Washington, histoire de se frotter aux activités nocturnes locales. Ce n’est pas aisé de conduire dans Washington car les signaux routiers sont quelques peu capricieux mais fortes de leur 6e sens, les deux filles ont réussi à trouver le bon chemin.

     Après avoir arpenté l’avenue dans les deux sens pour repérer un endroit susceptible d’accueillir, notre fine équipe a finalement opté pour le Madams Organ – Where the beautifull people go to get Ugly, un bar / salle de concert très animé décoré comme chez les Bates dans Psycho (http://www.madamsorgan.com/ - les initiés apprécieront sur le site qu’Owen Wilson est déjà venu dans cette boîte : c’est la super classe, non ? Remarquons que les non initiés ne comprendront absolument rien à l'évocation de cet acteur. Tant pis pour eux.). La 18th avenue c’est le « Bohemian rhapsody, Washington style ». Je pense qu’ils y reviendront le jour, nous aurons l’occasion de voir quelques photos… (à suivre donc).

    Nos amis sont arrivés dans la boîte vers 9:30 pm juste à temps pour apprécier le début du concert des Hungry Jackson dont le chanteur chante comme James Brown, dont le guitariste guitare comme Ronnies Laws, dont le saxo saxe comme… bref, un petit groupe de quarantenaires bien énervés comme il faut. Ils ont joué des reprises d'Aretha Franklin,  « Superstition » de Stevie Wonder (sans une note au piano, n’en déplaise aux gens qui croient qu’il n’est pas possible de faire de la musique sans cet instrument – je me comprends, je me comprends) et pour ne rien  gâcher au spectacle, la salle était elle-aussi très excitée. Il faut dire qu’à $7 le rhum / diet coke, y’a de quoi l'être.

-    Tu ne leur parles pas de la chanteuse ?
-    Quoi la chanteuse ?
-    Ben tu sais bien, la chanteuse. Celle qui se trémoussait à moitié nue et qu’on voit à droite sur la 2e photo…
-    Ah, oui… la chanteuse. Ben, y’avait aussi une chanteuse. Mais elle était pas à moitié nue, elle avait juste un string top un peu court.
-    Et tu la trouvais fort à ton goût.
-    Mouais…
-    Et même que tu la trouvais super mignonne, et que je me pâme lorsqu’elle se met à danser, et que …
-    Heu, on l’a pas déjà fait hier ce couplet ?  On commence à se répéter un peu, non ?
-    Oui, c’est vrai. Continue, continue.

chanteur1 chanteur2 grandmaorgansbar
   
    Les trois frenchies se sont trémoussés jusqu’à 2:00 pm. Rachel et Anne-Laure se font fait copieusement draguer par les petits jeunes du cru (en fait, Rachel c’était plutôt avec le fafa du cru) et les népalais sont retournés sous leur couette houssée, super contents et rassasiés de trucs cools comme disent les jeunes.

    J’allais oublier le dernier évènement notable de la journée. Une fois revenu à Halpine View et en attendant qu’Anne-Laure ait terminé ses ablutions du soir (espoir), Vincent a découvert sur la chaîne 128 (The Game Show Netwook) que le dodgeball existait réellement ! En français, le dodgeball c’est la balle au prisonnier. Et bien, comme dans le film de Ben Stiller, des équipes professionnelles s’affrontent toutes les semaines à Las Vegas ! (la preuve est ici)

    Bon.
    Fini pour aujourd’hui.
    Demain, on vous racontera comment les népalais ont acheté une Mitsubishi Mirage LS de 1997 avec 130.000 miles au compteur.

    Bonne nuit.
    Et à demain.

* Ici vient s’insérer un droit de réponse d’Anne-Laure : Je proteste énergiquement et donne ma version des faits : lors de mon inscription à la banque, j’étais seule, étant venue directement du boulot, et n’avais donc pas avec moi la personne avec qui je souhaitais partager mon compte en banque en plus de ma vie… n’ayant aucune pièce officielle sous la main (passeport de la seconde personne en question, certificat de mariage avec cette même personne, etc.), j’ai préféré remettre à plus tard cette formalité, plutôt que de retarder l’ouverture d’un compte en banque, démarche absolument indispensable pour me permettre de toucher mon salaire et donc de faire vivre le ménage !

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