Tu baises ball ? Non, je chie Cago.
Désolé pour le retard dans la
mise à jour de ce blog mais il se passe tellement de choses dans la vie des
népalais en ce moment qu’il faudrait au moins deux éditions par jour pour vous tenir au
courant.
Puisque vous avez été sages et
que vous avez eu la gentillesse de revenir ici, voici le compte rendu de
l’avant dernier week-end passé en compagnie de Joce (période du 11 au 13 août).
Pour la suite, nous verrons la semaine prochaine. Nous pensions avoir le temps
ce week-end mais les népalais sont allés voir le premier match de baseball de
leur vie (les Nationals de Washington D.C. contre les Cardinals de St Louis).
Les Nationals se sont pris une branlée monumentale (6/0 avec deux manches à
3/0) pendant que les népalais dégustaient leurs hot dogs et hallucinaient devant
les animations proposées entre les phases de jeu. Alors non, vraiment pas le
temps pour le blog. Nous sommes désolés. Après tout, vous n’avez qu’à nous
écrire des mails, des commentaires en bas de ce message ou venir nous voir : c’est la
meilleure façon d’avoir des nouvelles fraîches.
Jocelyn - Joce pour les intimes - a vécu au
Vietnam, en Normandie et au Sénégal. Ses anecdotes sont souvent ponctuées de
« quand j’étais un Vietnam » ou de « quand j’étais en
Afrique » qui le font passer pour un Bob Denard retiré des affaires aux
yeux des non initiés. Au cours de ses pérégrinations internationales, Joce a
rencontré moult expatriés au nombre desquels on compte Skander - Skand pour les
intimes - un jeune Algéro-français amateur de grosses cylindrées à deux roues et
gentil à vous donner sa chemise alors même qu’il n’a qu’un t-shirt sur lui.
Skand ne connaissait les népalais
que depuis quelques minutes lorsqu’il s’était proposé, il y a pas mal de temps déjà,
de les aider à déménager du quartier de Venoix à Caen vers la charmante
bourgade balnéaire de Lion-sur-Mer. Et croyez-moi, aider à déménager alors
qu’on est en moto, ce n’est pas une mince à s’faire ! Quelques soirées
plus tard, entre Skand et les népalais, c’était à la vie à la mort.
So no one told you life was gonna be this way
Your job's a joke, you're broke, your love life D.O.A.
It's like you're always stuck in second gear
When it hasn't been your day, your week, your month or even your year, but...
I'll be there for youuuuuuuuuuuuuuuu
I'll be there for youuuuuuuuuuuuuuuu
I'll be there for youuuuuuuuuuuuuuu
Skand a vécu la majeure partie de son enfance aux Etats-Unis. Dans le Maryland, plus précisément. A Bethesda pour être exact.
Mais ! Attendez ! Vous avez déjà entendu parler de Bethesda ! Vous connaissez cette ville ! Mais bon sang ! Mais c’est bien sûr ! Bethesda, c’est justement la ville où travaille la népalaide ! Quel hasard ! Quelle coïncidence ! C’est fou, ça ! C’est totalement hallucinant !
Bon ça va, on s’en remet aussi, hein ?
Papa et maman Skand travaillent à la
Banque Mondiale. Papa et maman Skand ont deux fils et une fille. Si
Skand est informaticien à Paris, Chafik, son frère, est chef d’une
carrière de calcaire en Pennsylvanie. A Bethlehem pour être exact. Et
Bethlehem, c’est à peine à 3 heures de route de Rockville.
Chafik
et Joce se sont déjà rencontrés. Dans le Michigan, pour être exact. Ils
ont pêchés au sonar ensemble, coupé du bois ensemble, chassé le colibri
ensemble, bu des hectolitres d’alcool ensemble, les ont vomis l’un
après l’autre, bref, entre eux, c’est à la vie à la mort maintenant…
C’était donc dans l’ordre des choses de Joce d’aller saluer Chafik.
Vendredi 12 août, la journée se passa donc comme suit pour nos trois amis
(- Dis-donc, tu fais des rimes maintenant ?
- Oui, tu sais, je suis un peu poète à mes heures !
- Ah, bon, je croyais que tu cherchais du boulot dans l'informatique ?
- Parce-que tu crois que Baudelaire avait un boulot en plus d'être poète ?
- Ben ouais, justement, il était marchand d'armes et tout...
- Mouais, Baudelaire c'est un mauvais exemple... De toutes façons, arrête de m'interrompre lorsque j'écris le blog, ok ?
- Ok, pardon.)
Vers 8h30, le népalais emmena la népalaide au boulot et revint à la maison pour ensuite aller déposer Joce à la station de métro la plus proche.
Joce avait décidé de passer sla
matinée à explorer la partie occidentale du Mall et de se perdre autour
des
mémoriaux immémoriaux de la capitale (je crois que je l’ai déjà faite
celle-là
mais bon, on s’en fout. De toutes façons, personne ne lit tous les
messages du blog des népalais : ils sont vraiment trop longs.).
Si vous êtes un ou une habitué(e) de http://lesnepalais.canalblog.com/, vous commencez certainement à avoir une idée de ce que l'on peut visiter dans le centre ville de Washington. Un des endroits les plus touristiques du Mall est sans aucun doute le Lincoln Memorial, lieu incontournable des grandes manifestations états-uniennes. Du "I had a dream" du roi Martin Luther aux protestations contre la guerre de Vietnam ("Make money not war"), tous les grands rendez-vous des USA se sont déroulés là-bas.
Au milieu du bâtiment,
l'effigie du réunificateur de la nation reste de marbre devant les
touristes impressionnés. Mais Joce ne s'en laisse pas compter. Il n'est
pas là pour admirer. Il est là pour scruter, pour décoder, pour
examiner. Et c'est sans surprise que notre ami normand a percé l'un des
mystères de ce lieu.
Si l'on observe attentivement la statue de Lincoln sur la gauche, on découvre dans la chevelure du vieux monsieur un étrange profil...
Le père Noël ? Ben Laden ? Le général Grant ? Le général Lee (ça m’étonnerait tout d’même !) ? Le Dieu des cathos (on s’rapproche certainement) ? Joce n’a pas encore tranché. Mais en tous cas, y’a un truc c’est sûr.
Pour ceux qui trouvent que c’est un peu tiré par les cheveux, je les félicite du jeu de mot.
Pour
se remettre de ses émotions, Joce est ensuite allé mangé pour la 3e
fois de son séjour chez Holly's Trolley, le restaurant de burgers à
l’ancienne sur la 12e avenue. C’est un acharné du burger ce type. C’est
affolant ce qu’il peut s’enfiler derrière la cravate. Il doit avoir
autant de cholestérol qu’il y a de testostérone dans les couilles
d’Amstrong (le cycliste, par l’astronaute ni le trompettiste, vous
m’aurez compris).
Pendant ce temps-là, Vincent préparait les
valises et s’acquittait de ses tâches quotidiennes de ménagers de moins
de cinquante ans.
Vers 14h00, Joce, revenu du Mall, et Vincent,
revenu de tout, ont chargé le dragon rouge et sont partis pour Bethesda
rencontrer les susdits (oui, j’aime bien les susdits, ça vous pose
problème ?) Papa et Maman Skand. Le but de cette visite ? Récupérer
Cleo et Sphynx, les deux matous de Chafik qui voulaient profiter de
l’escapade du week-end pour rejoindre leur propriétaire.
Le
dragon rouge est une voiture de sport. Entre d’autres termes, elle a un
gros moteurs, 6 cylindres en V (je ne sais pas ce que cela veut dire
mais il paraît que c’est super) et surtout, un tout petit coffre et
presque aucun espace pour les passagers. Une petite valise pour les
népalais, un gros sac plastique bourré de trucs superflus pour Joce,
deux caisses de voyage, deux caisses pour déféquer, dix huit boîtes de
nourriture pour les chats : il ne restait pas beaucoup de place dans la
voiture. Inutile de vous dire que les 207 miles entre Rockville et
Bethlehem furent un peu pénibles. Ajoutez à cela un vomi de chat, 14
827 miaulements désespérés, un demi-tour sur l’autoroute pour cause
d’absence de carte routière, notre trio d’amis était content d’être
arrivé. (oui, parce qu’entre deux, les garçons avaient embarqué la
népalaide, si on vous raconte absolument tout, on va pas s’en sortir,
alors vaut mieux pas trop vous attardez sur les détails, d’accord ?).
celui-là, ce n'est pas celui qui a vomi sur Joce, c'est celui qui a pissé
sur la banquette arrière et sur la jupe d'Anne-Laure.
Chafik habite Bethelem depuis quelques mois et habite avec Lisa à Bethlehem depuis quelques jours. Lisa travaille dans une clinique privée, c’est une spécialiste de la médecine nucléaire. En d’autres termes, il fait des scanners, des IRM et tous ces machins angoissants que l’on subit lorsqu’on est pratiquement certain de ne plus en avoir que pour quelques mois (c’est mon côté optimiste qui parle, si j’étais pessimiste, j’aurais dit quelques jours).
Lisa est née et a grandi dans le Michigan. Sa grand-mère était une pied-noire. Aux USA, cela ne signifie pas que son aïeule sait faire le couscous, cela veut dire qu’elle était indienne, de la tribu des Black Foot. Lisa est une fille très sympathique, généreuse, patiente avec les gens qui baragouinent trois mots dans sa langue, bref une crème.
Chafik travaille aux USA depuis suffisamment de temps pour prétendre à demander la nationalité pour peu qu’il paie largement un bon avocat. Il gagne par mois trois fois le PIB du Niger, aime faire du kite-surf, regarder le football à la télévision (le vrai football, pas le soccer) et la bonne bouffe. Il est sympathique, généreux et pour ne rien gâcher, il présente une charmante calvitie bien virile (oui, la calvitie, c’est viril. J’ai dit !). C’est un excellent cuisinier (avec un spécial accessit pour le barbecue au gaz). Les népalais et Joce ont pu apprécier ses talents dès le premier soir de leur arrivée. Au menu : champagne (que c’était bon de se rappeler le goût des bulles de raisin !), brochettes (kebabs en anglais) de bœuf aux hormones (excellent !), trou normand avec un vrai calvados (que c’était bon de se rappeler le goût du jus de pomme !), bref un festin de rois en terres yankees. Cela faisait bien longtemps que les népalais n’avaient pas mangé comme ça. Joce a versé une larme tant c’était bon.
(la
cheminée est fausse : elle fonctionne au gaz et on l’actionne avec une
télécommande. Les bûches sont en céramique. Ils sont fous ces
états-uniens !)
Et le lendemain matin, ils ont remis ça avec un vrai petit déjeuner américain : maple links (saucisses au sirop d’érable), hashbrown (galettes de pommes de terre), orange juice (bon, je vais pas vour traduire ça, hein, vous êtes grands maintenant).
Après le petit déjeuner, vers 14h00 de l’après-midi, Chafik a emmené les trois français (enfin, le français et les deux expatriés) visiter sa carrière. A cette occasion, les népalais sont montés dans une voiture qui présente autant de chevaux que toutes les voitures de leur vie cumulée.
La fabrique de ciment pour laquelle travaille Chafick est petite. « Petite » aux Etats-Unis signifie que le site de l’entreprise compte moins de 3000 employés. Pour fabriquer du ciment, il faut du calcaire, du charbon, des vieux pneus de bagnoles, des coquilles d'oeufs, d'autres ingrédients encore, des machines immenses poussièreuses et bruyantes, des fours qui tournent sur eux-mêmes et qui consomment autant d'énergie qu'il faut à George Bush Jr pour construire une phrase grammaticalement correcte en anglais.
Au
cours de la visite, Chafik n'a pas été avare d'explications. Les
népalais et Joce sont maintenant imbattables sur la fabrication du
ciment. Mais son truc à lui Chafik, c'est surtout le caillou. Dans le
Michigan, Chafik était le bras droit du chef des casseurs de cailloux
d'une des plus grandes mines de cuivre du monde. En Pennsylvanie, c'est
lui le chef des sept nains - à ceci près qu'ils ne sont pas sept mais
quinze, qu'ils ne sont pas nains mais mexicains (ils ne sont pas très
grands, je vous l'accorde) et qu'ils ne cherchent pas des diamants mais
du calcaire. Notons tout de même qu'ils sifflent en travaillant.
Le plus impressionnant a
certainement été de pénétrer dans les carrières elles-mêmes. Les anciens
sites d’extraction sont devenus des lacs poissonneux et paisibles où les gamins
de la ville tentent de passer du bon temps le week-end.
Les parties en activité
ressemblent à des moules à pyramides aztèques. Si, si, l’image est peut-être un
peu compliquée mais ça le fait (comme disent les gens qui n’ont pas écrit
une thèse de linguistique) ! Vous vous souvenez comment sont construites
les pyramides astèques : c’est comme dans le problème des tours de Hanoi. Ce
sont des empilements d’hexaèdres rectangulaires sur les côtés mais carrés sur
deux faces… mouais, ok, heu, on va dire un empilement de dalles de plus en plus
petites. Et bien les carrières, c’est exactement l’inverse : plus l’étage
est profond, plus il est étroit. On dirait… oh et puis merde ! Regardez la
photo, c’est tout !
Après s’être crotté les baskets et avoir tout expliqué de la fabrication du ciment, Chafik a emmené les népalais et Joce dans le centre ville de Bethlehem pour acheter des billets pour le concert du soir : George Clinton. Pour ceux qui étaient en hibernation entre 1979 et 1986, George Clinton et l’un des vétérans du funk, cette musique de noir qui consiste à jouer du jazz avec une section de cuivres énervée, quelques guitares électriques et néanmoins rythmiques et des claviers reggae.
Après cela, nos amis ont eu juste le temps de revenir chez Chafik et Lisa pour se taper leur 2e barbecue du week-end avec de repartir pour le susdit concert dans la susdite ville de Bethlehem susévoquée dans le paragraphe susdessus.
Bethlehem
accueille chaque année un festival de musique familial et bon enfant. Aux Etats-Unis,
familial et bon enfant signifie qu’il y a un flic débonnaire, généralement
obèse et en train de copieusement s’emmerder tous les cinq mètres, que parmi
les centaines de stands de bouffe et de boissons sur le site, il n’y en a qu’un
qui propose de la bière et que, bien entendu, il faut montrer son ID et ses
dollars avant de pouvoir approcher le comptoir, qu’on n’a pas le droit de se
mettre torse nu même s’il fait 47° celcius comme c’était le cas ce soir-là, qu’on
n’a pas le droit d’aller voir les gens qui ont payé plus chère leur place même
s’ils ne sont que 12 dans les 2000m² au pied de la scène, qu’on a le droit de
consommer et de s’amuser dans les clous, c’est tout. Ca ressemble à une
critique et c’est en est une. Les états-uniens sont fous, comme dirait Obélix.
Ils sont fous car ils sont à la recherche perpétuelle du monde parfait et bien
entendu – et heureusement pour eux et pour nous, ils ne sont pas d’accord entre
eux sur la définition du monde parfait. Ce dont la plupart est certain, c’est que
plus il y aura de gens en uniforme, plus il y aura de fichiers pour répertorier
toutes les tares des citoyens moyens, plus il y aura d’interdits, meilleur sera
le monde. Si la totalité des états-uniens ne partage pas cette idée, ils sont suffisamment
nombreux pour rendre la vie un peu pénible parfois à un français moyen en séjour
chez eux. Pour vous rassurer un peu, vous pouvez toujours faire comme le
népalais et écouter le Stephanie Miller show tous les matins. Vous pourrez apprécier que même s’ils sont fous, les américains ont au moins
la liberté d’expression et qu’en plus, contrairement aux français, ils savent s’en
servir (et je suis prêt à tenir tête à quiconque qui ne serait pas d’accord
avec ce paragraphe. De Blaise à ma belle-mère, je n’ai peur d’argumenter avec
personne. J’ai dit.)
A part ça, le concert était très bien, merci. A part quelques altercations mineures entre le népalais et le service d'ordre amateur, nos amis ont passé un très bon moment. Que voulez-vous, le népalais est un rebelle, on ne se refait pas.
Le lendemain matin, il faisait encore très chaud en Pennsylvanie. Les chats de Lisa se sont fait raser pour des questions d'allergie. Vincent a gratouillé un peu la guitare de ses hôtes. Anne-Laure a parlé chiffon avec sa nouvelle cop's Lisa et les garçons ont joué un peu au cerf-volant. Et comme avec les gens biens, le temps passe plus vite, à peine entamé le 4e barbecue du week-end, il fallait déjà penser à repartir.
C'est tout pour aujourd'hui.
A bientôt, les amis.