Et c’était beau. Et c’était bien.
Refuser quelque chose parce qu’on l’a déjà fait, c’est refuser de vivre.
Lundi, c’était un jour comme les autres à Rockville, Maryland.
C’était une bonne journée.
Sur le chemin du lit à la douche, Anne-Laure ne fait qu’une halte. Le temps d’avaler une première gorgée de jus d’orange, parfois à même la bouteille d’un gallon, la belle commence toutes ses journées par grelotter nue devant le frigo. Vincent se lève alors péniblement pour lui préparer le petit déjeuner. Le népalais a le réveil pénible, le réveil confus, le réveil approximatif. Il lui arrive souvent d’oublier le yaourt (choisir celui déjà entamé si il y en a un) ou le verre propre ou la tasse avec un sachet de thé et de l’édulcorant, ou le kiwi (prendre le plus mou) qu’il faut couper en deux ou la petite cuillère ou le lait et selon le goût du jour, le bagel, le bol de céréales ou la tartine. Vincent ne se sustente que d’un café. Un plus des verbes désuets, il aime les petits déjeuners légers.
La jolie népalaide déjeune devant les nouvelles. N’ayant pas accès aux chaînes de télévision sérieuses, les évènements du jour se limitent souvent aux premiers pas du bébé panda du zoo de la capitale ou à l’accident de voiture à la sortie Montrose sur l’Interstate 270. Anne-Laure se moque des gueules enfarinés des présentateurs tout en ne finissant pas son thé. Vincent avale son Maxell en lisant ses emails et la presse électronique.
Le dragon rouge emmène ensuite le couple jusqu’au Naval Medical Center sur fond de RFI - la voix du pays. A quelques centaines de mètres de l’entrée de la base « slash » campus, il faut retrouver son portefeuille au fond du sac. Pas question d’entrer sans avoir entendu l’un des deux préposés à la sécurité dire Thanks a lot (le petit gros avec la moustache) ou And to the both of you, have a good day (le beau noir efféminé avec un chapeau de la police montée canadienne). La salutation n’est proférée qu’en échange d’un coup d’œil à la carte d’identité.
Sur le chemin du retour, le népalais écoute The Stephanie Miller Show sur Progressive Talk 1260 AM et se marre lorsqu’il comprend. De retour à la maison, il relit quelques mails ou tchatte avec l’ami connecté. Il jette un coup d’œil à Monster, Coroflot et la Craig List pour y trouver une offre d’emploi, la repère et se dit qu’il serait dommage de commencer à travailler maintenant. Entre des vacances au pays et un job dans l’année, il a déjà choisi. Un jour prochain, son prince viendra.
Il prépare ensuite son cours du jour jusqu’à ce qu’il le donne ou joue à l'artiste ou à l'informaticien ou aux deux.
Anne-laure passe la journée debout devant sa paillasse à cloner, dupliquer, faire pousser, injecter, mesurer, peser, photographier des bactéries. Elle ne s’arrête que pour lire des articles où ses pairs expliquent comment ils ont dupliqué, fait pousser, injecté, mesuré, pesé, photographié des bactéries.
Les bactéries sont la source de la vie sur terre. Les bactéries sauvent le monde dans War of the Worlds. Les bactéries sont partout, tout le temps. La népalaide travaille sur la vie pour nous tous.
La nuit tombe et le népalais attend à la station Twinbrook l’arrivée de la scientifique. Les népalais s’en reviennent alors dans leurs appartements pour dîner.
Lundi, c’était un jour comme les autres à Rockville, Maryland.
Les népalais ont regardé Melinda, Melinda de Woody Allen. Et puis avant d’aller se coucher, ils sont allés respirer la nuit sur le balcon. Et c’était beau. Et c’était bien.
A bientôt les amis.
Bon anniversaire Elodie.
Félicitations Charlotte.
Prompt rétablissement papa.
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