Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Washington d'ici
21 janvier 2006

Champagne !!!

Une visite chez un médecin crado

Vendredi de la semaine qui précédait celle-ci, le népalais souffrait encore de l’oreille gauche. Sur injonction de sa chère, tendre, douce, belle et délicieuse épouse, il pris donc rendez-vous chez un guérisseur autochtone. Quitte à devenir sourd, autant avoir un avis médical avant de ne plus pouvoir l’entendre.

Choisir un médecin dans une ville que l’on ne connaît pas, c’est une partie de roulette russe. Si la balle est dans le barillet, vous pouvez vous faire super mal à l’oreille. Peu enclin à mettre son ouïe sur une table de jeu, le népalais utilisa le seul outil de sa connaissance pour trouver le bon cheval. Après avoir rendu grâce une nouvelle fois à Vinton Cerf et Tim Berners-Lee, notre ami mit en branle ses quatre neurones et croisa les critères suivant pour formuler une requête sur le site de son assurance maladie :

  • Médecine générale ;
  • Médecin de famille ;
  • 10 miles maxi autour de Rockville ;
  • Parlant français.

Pourquoi demander au curateur de parler franzouse alors même que le bilinguisme des népalouses est désormais légendaire ? Parce que, d’une part, on sait ce qu’il en est des légendes, et que d’autre part, la santé ne souffre pas l’approximation. Lorsqu’il s’agit de gagner de l’argent ou d’en dépenser au supermarché, on peut se contenter de l’à peu près. Lorsqu’il y a le moindre risque de retourner à la poussière, on ravale son ego et l’on retourne chez sa langue maternelle.

L’élu s’appelait docteur Ouahng de Silver Spring, MD. Son cabinet situé dans une petite maison dans le pur style sudiste invitait à la confiance. La Ferrari 512 BB dite « Testarossa » garée devant aurait fait fuir tout homme sensé. Mais justement, il manquait un sens au népalais et il tira donc tout de même la bobinette pour faire choir la chevillette.

La salle d’attente / bureau de secrétaire du docteur Ouahng a la superficie d’une chambre d’hôtel bon marché à Tokyo et l’hygiène d’une vespasienne de Bogota. Les murs ont jadis dû y être blancs. Sur le comptoir, une montagne de dossiers attend d’être classée depuis la mort de Kennedy. Sur des présentoirs jaunis - comme disent maintenant les belges - des jeunes filles souriantes vous invitent en vietnamien à acheter des fortifiants à la corne de rhinocéros ou à la dent de tigre. Enfin… peut-être, car le vietnamien du népalais est un peu rouillé.

L’unique étagère de la pièce croule sous un flot bordélique de papiers, traces éternelles de patients depuis longtemps sous terre. Çà et là, des objets de décoration du meilleur goût ajoutent une touche pastorale à l’ensemble. Sous la poussière, on reconnaît un microscope de la dernière guerre mondiale, un tibia fixé sur socle, une bonbonnière fêlée.

L’hôtesse est suffisamment souriante pour laisser le visiteur admirer ses dents gâtées. Après avoir salué aimablement le népalais, la voilà qui repart vers ses appartements, laissant notre ami quelque peu pantois. « Putain, mais keskech’fout là ? Keskech’uis supposé faire maintenant ?» Au bout d’une éternité, dents noires revient un formulaire à la main. Avec un accent à couper au Guom, elle demande à Vincent d’y décliner son identité et d’y raconter son histoire médicale depuis l’âge de six mois. Chose faite, le népalais rend le papier à la dame et attends de nouvelles instructions, debout au milieu du bazar.

    -    « Wahêt fov sse docto’ naw »
    -     « Escuse me ? »
    -    « Wahêt fov sse docto’ naw ! Sit, sit ! »
    -    « Oh…ok, thank you. »

Quelques minutes plus tard, le népalais est assis dans un cabinet deux fois plus petit, trois fois plus sale et quatre fois plus mal rangé que la salle d’attente. En face de lui, une tête hirsute dépasse d’un bureau. La créature qui lui parle n’a pas d’épaules et semble avoir l’habitude de nettoyer ses lunettes rondes avec des tranches de jambon.

    -    « Wawt iz youl p’oblem ? »
    -    « Ben… me avoir chopper ear infection à Quincy Basse, antibiotic, fever à Reimps chez Alex et Caro et puis à Caen chez Boubou et Blaise, corticoïds, allergy pénicilline et dextropropoxyphène and puis… toujours mal. Un peu deaf aussi.»
    -    « Ok. »

Le problème cerné, il est temps de passer dans la salle d’auscultation. Précédé par le leprechaun aux yeux bridés, le népalais se glisse entre une armoire métallique rouillée et une toise hors d’usage pour atteindre la table recouverte d’une morceau de plastique déchiré où son hôte l’invite à s’allonger. Pendant que l’homme à la verticalité contrariée écoute son cœur, Vincent regarde s’activer l’araignée qui habite dans un angle du plafond. Le velcro du tensiomètre est constellé de poussières garde le souvenir de centaines de maladies. Le népalais s’en fout, tout se fait à travers le pull.

    -    « Sit naw ! »

Un frisson parcourt le népalais. Ce mec va maintenant lui regarder dans le conduit avec un embout sale qui porte les germes des quinze derniers patients venus pour une otite. Il est trop tard pour s’enfuir. Aaaah ! Putain, c’est vraiment dégueulasse ! Et il prend son temps en plus, le bougre !

Bon, apparemment, le problème n’est pas sérieux. Le nain n’est pas effrayé par la trompe d’Eustache népalaide. Il retourne à son bureau et commence la rédaction de l’ordonnance. Jusqu’ici, personne n’a encore parlé français.

    -    « Ah ! But yhou a’ French ! Moi phâs pa’lé fwrançais depouis longthan, moi avant capab’ pa’lé fwrançais. »
    -    « Yeah, forget it. No matter. »
    -    « Toi pout gouttes in o’eilles t’ois fhoa pa’ jou’s. Fini, toa pa’ti’. »
    -    « Ok. Thank you ve’y euh… sorry, very much.»

Résultat, $15 pour la consultation, $40 pour les 3ml de gouttes et toujours pas de médecin attitré pour les népalais. Vaut mieux vivre ça que d’être sourd !


Un job interview comme si vous étiez

Décidément la semaine qui précédait celle-ci était celle du népalais. Lassé de faire semblant de chercher un vrai travail depuis son arrivée aux Etats-Unis d’Amérique du Nord qui ne sont pas le Canada - comme dirait Godard, le bougeage de cul au niveau de la recherche du boulot faisait partie de ses bonnes résolutions de l’année.

Le 10 à 13h32, il repère une annonce intéressante. Le 11 au soir, grâce à l’aide précieuse de sa belle-maman lettrée option Mark Twain – qu’elle en soit éternellement remerciée, il est parvenu à rédiger une version papier de son portfolio et un nouveau CV design-oriented. Le 12 à 9h46, il répond officiellement à l’annonce. Ce même jour, à 14h12 il reçoit un coup de fil. C’est le patron de la boîte en question. Ébaubi les premières minutes, le népalais parvient finalement à se vendre et décroche un rendez-vous pour le lendemain 10h (la vache ! c’est tellement bien raconté, c’est comme si vous y étiez !). Le 13 à 11h48, il conclut un entretien de visu en donnant comme références deux de ses anciens étudiants, son ancienne directrice de thèse et son dernier client français en date dont nous tairons le nom pour des raisons de confidentialité (merci mille fois). Le 16 à 13h02, il reçoit un nouvel appel. La compagnie est très intéressée. Elle envoie immédiatement une offre par mail. Le même jour à 14h23, le népalais en chat avec sa belle-mère et les B reçoit en direct l’offre et entre dans une crise d’incontinence dramatique. Le contrat semble si alléchant qu’il ne se sent plus pisser. Ils veulent qu’il commence le lendemain. A 15h26, nouvelle prise de rendez-vous avec le patron de la boîte pour négocier le contrat. Le lendemain, 10h51 le népalais repart vers Twinbrook avec $2000 de plus par an par rapport à la première proposition et une très forte impression que son passage par la case chomedu est terminé. Le 18 à 8h36, le voilà collègue d’Andy, Brandon, Brian, Cecilia, Daniel, Deepak, Glenn, Jaygam, Matthew, Max, Megan, Oanh et Sanjay et seul « Creative » d’une compagnie de Design, Application Development, Content Management et de Web Hosting de Rockville, MD.

Et vous savez pas ? Le boulot est super, l’ambiance dans la boîte est détendue et bonne enfant, et y’a un babyfoot dans la cafétaria. En plus d’avoir retrouvé l’usage de son oreille, le népalais a donc maintenant un boulot de presque artiste, un salaire inespéré et pour ne rien gâcher, il est toujours marié avec la plus belle femme du monde.



Des nouvelles fraîches de la plus belle femme du monde

Anne-laure est retournée à ses chères bactéries. Elle ne tousse pratiquement plus. Elle est plus que jamais adorable avec son mari (forcément, depuis qu’il est quasiment riche…) et elle est contente que cette nouvelle situation ne les empêchent toujours pas d’aller au cinoche et au restaurant. Comme son mari, cette semaine la népalaide n’a rien compris à Syriana, s’est un peu endormie devant la première partie du Parrain 2 et a vibré devant les quatre premiers épisodes de la 5e saison de 24h.

Voilà. Beaucoup de bonnes nouvelles, alors champagne !

alcool

Enfin… presque.

Bonne année à tous. Vous nous manquez terriblement.

Bravo à Lobo pour ses bonnes blagues et son talent même s’il est parfois un peu effrayant.
Bravo à Alex qui a enfin changé d’identité.
Bravo à Pat et Raymond pour rester Pat et Raymond.
Bravo à Boubou pour réussir à glisser un peu de linguistique là-dedans.
Bravo à JB pour sa cinéphilie (ouah ! T'as vu Trafiic !!)
Bravo à Eric pour inventer de nouvelles utilisations du blog.
On vous embrasse tous et on sait ce qu’on vous doit.

Félicitations à maman et papa népalais pour leur nouveau canapé, et bises spéciales à Patou qui doit commencer à s’énerver de son inactivité – on pense fort à toi la belle.

Nous fêtons aujourd’hui le 100e message de ce blog, merci d'être encore là.

Publicité
Commentaires
E
Ombre! Ce n'est pas en té moquant del Jota Be que tou t'en sortiras. El gato té débousquera!
B
L'amérique ne se remettra jamais de ce passage de miss bactéries et mister créatif dans leur petit monde... Il faudra bien qu'un jour pourtant ils vous rendent à nous... En attendant, continuez de leur en mettre plein la vue... Vous êtes vraiment les meilleurs!!<br /> Boubou<br /> <br /> PS: Blaise avait fait un très long commentaire au sujet d'"ébaubi", et sa session a expiré (ah, ces jeunes qui n'écrivent pas leurs textes sur le bloc-notes!)... désolée, Raymond, mais je passe mon tour pour cette fois (ah, l'appel des copies....)
C
On est vraiment contents pour vous!! C'est super génial! je suivais l'affaire depuis le début de la semaine via les B mais je n'avais pas eu le fin mot de l'histoire! Félicitations! <br /> On vous embrasse<br /> Charlotte et Laurent
L
C'est une plaisantation, aprés le pouète, c'est un fortopraphe qui squatte le blog du népalais. Rendez-nous Don Vicente, sinon on on libére le Tibet. Du nerve que diable ! Du sangre et de la tripailles, on ne va pas se contenter d'imageries dussent-elles flatter notre mondanisme alcoolatoire !
Washington d'ici
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Publicité