Pas l’usage avec bouillir de l’eau
Las de passer leurs week-ends à se culturer les méninges, les népalais ont choisi d’inaugurer une nouvelle activité de fin de semaine : agoniser aux urgences.
Si vous ne vous êtes pas laissés distraire par les considérations religiono-hystéro-politico-internationales du dernier message, vous vous souvenez certainement que le népalais souffre depuis le 27 décembre dernier d’une diminution de ces capacités auditives. Inutile de tenter d’être drôle, cela n’a rien à voir avec l’hypothétique onanisme de votre serviteur. Mais à ce propos, on peut légitimement se poser la question : est-ce que les masturbateurs circoncis ne deviennent sourds que d’une oreille ? Le débat est ouvert.
Depuis jeudi dernier, le népalais cumulait une oreille décédée, un nez à vannes ouvertes et un putain de mal de crâne de merde qui fait chier - en anglais, un cold. Au bout de 72 heures d’insomnie, Vincent trouva que la pression qui s’exerçait sur sa tempe gauche était suffisamment suspecte et douloureuse pour pouvoir légitimement gâcher le samedi de sa femme en la traînant aux urgences.
Le Shady Grove Adventist Hospital est aux urgences médicales ce que le château de Versailles est à l’immobilier parisien. C’est le top. Si comme le népalais vous avez une fièvre de cheval, les yeux myxomatosés, le nez rouge du petit renne du père Noël, la démarché d’un culbuto aveugle et que vous pensez en plus avoir une tumeur au cerveau, n’hésitez pas ! C’est là-bas qu’il faut aller passer votre samedi après-midi !
Sur place, une hôtesse au cul aussi large que rond vous accueillera avec le sourire. Après vous avoir demandé le but de votre visite, elle vous confiera aux mains expertes d’une infirmière deux fois octogénaire qui vous examinera sous toutes les coutures à travers celles de vos vêtements. Pouls, tension, haleine, longueur des ongles, antécédents, allergies, et ta grand-mère, elle fait du vélo ? Tout y passera. Une fois cet entretien terminé, vous rejoindrez votre épouse qui entamera sa quatrième grille de Soduku dans la salle d’attente.
Au bout d’une dizaine de minutes, une nouvelle infirmière écorchera votre nom à haute voix et vous invitera à la suivre jusqu’à la salle dite des « Minor Injuries » (et pourtant ! Vous auriez vu la gueule de la minor injurie !). Vous serrez alors pris en charge par Maria, qui vous invitera à vous enlever votre pull, votre chemise et t-shirt moite de sueur et à passer un bavoir/chemise de nuit qui se ferme par derrière et qui vous fera ressembler à l’un de ses pervers qui veulent qu’on leur talque les fesses passés trente ans. Vous vous retrouverez alors seul, allongé dans sur un brancard derrière un rideau. Pendant ce temps là, votre femme entamera sa soixante douzième grille de Soduku dans la salle d’attente.
Au bout d’une demi-éternité, un interne jeune et dynamique fruit des amours improbables d’Anthony Edwards et George Clooney viendra vous poser quelques questions : c’est quoi ta tension ? Et ton pouls, ça roule ? Ton haleine ? Tes antécédents ? Tes allergies ? Ta grand-mère, le tour de France, c’est pour bientôt ? etc. Après vous avoir quelque peu cerné, le top model s’intéressera enfin à vos maux. Examens, chastes palpations, questions, il ne s’en ira que lorsqu’il aura parfaitement compris votre problème ; et vous laissera de nouveau seul en attendant que son médecin de chef lui explique quoi faire. Pendant ce temps là, votre femme pensera sérieusement à s’inscrire pour la coupe du monde de Soduku.
Au bout de l’autre moitié de l’éternité, le chef viendra lui-même vous poser quelques questions : « alors, cette tension ? Et ce pouls ? Et cette haleine de chacal ? Et ces antécédents ? C’est vrai ce qu’on raconte sur ta grand-mère et Lance Armstrong ? Bon, en tous cas, pour ton oreille gars, je vois rien. Ce qui est sûr, c’est que t’as un rhume de cheval et qu’t’es pas beau à voir. Alors je vais t’expliquer ce qui se passe. »
A ce qui suivra, vous ne comprendrez rien. Le chef aura beau faire des schémas sur le drap de votre lit avec son bic, cette histoire de canal de l’oreille qui est obstrué par du caca de nez et la pression osmomachin qui pousse sur votre tempe vous laissera dubitatif. Ce con n’a même pas vu votre tumeur au cerveau ! Il vous renvoie à la maison avec des gouttes, l’adresse d’un ORL et un coup de pied au cul ! Si c’est pas malheureux ! C’est à vous dégoûter d’être à l’article de la mort ! Piteux, vous rejoindrez alors votre femme dans la salle d’attente, si elle n’est pas déjà partie convoler avec l’inventeur du Soduku.
La népalaide est ensuite partie acheter les précieuses gouttes et quelques ustensiles d’automédication tandis que son mari pestaient contre la terre entière et son mal de tête qui reprenait de plus belle. Dans le délire de sa fièvre, Vincent n’était même plus capable de lire le mode d’emploi d’un médicament dans sa propre langue…
Maintenant, nous sommes dimanche après-midi. Le népalais est toujours dur d’oreille mais la fièvre est retombée. Il va donc beaucoup mieux – merci pour lui. C’était une fausse alerte.
Bon Superbowl à tous.
Te couche pas trop tard Patrick, ce n’est pas raisonnable.
A bientôt les amis.