Houston, nous avons un problème
Avec la cadence parfaite d’un métronome helvète, des messages apparaissent tous les quatre jours sur ce blog. Ce n’est pas qu’il ne se passe rien d’intéressant dans ces intervaux, ou tout du moins, rien qui ne vaut la peine d'être partagé - j’ai un veau dans la gorge aujourd’hui, j’en perd mes aux et mes ailles. C’est simplement une habitude que la rédaction de ce blog a contractée par hasard. Et elle essaiera de ne pas la perdre.
Joce est le premier ami normand des népalais. Joce n'est pas son vrai prénom. Il a 31 ans, il est normand jusqu'au bout des ongles et sait raconter des histoires comme personne. Son principal défaut : il voyage en Cherokee. Nobody's perfect comme disent les français qui essaient de faire croire qu'ils peuvent aussi être drôles en anglais.
Fraîchement émoulus - et déjà à moitié vermoulus – de la faculté des sciences de Reims, les népalais sont arrivés à Caen en 1999. Les premières personnes qu’ils y ont fréquentées étaient un couple mi parisien, mi aixois-de-Provence.
Malheureusement, les deux nouveaux amis sont rapidement (re)partis vers la capitale et surtout... l’un des membres du dit couple avait la fâcheuse tendance à être d’une mauvaise fois éhontée lorsque les discussions portaient sur l’actualité du monde. Israël avait tendance à être le principal responsable des misères de la planète, d’El Niño à la baisse des cours du sucre ougandais en passant par l’oncle incarné d’Arafat. Bref, ça peut être amusant au début mais c’est fatiguant à la longue. Alors, les népalais ont laissé tomber.
Vincent a rencontré Joce à la fac. Grassement payé et peu occupé, le normand était une sorte de webmaster/ingénieur-informaticien en contrat à durée déterminée dans le labo où le népalais terminait son DEA. Le courant est vite passé et Joce a passé de longues soirées dans le premier appartement caennais de nos deux amis (celui avec une superbe vue sur Fleury-sur-Orne pour ceux qui ont eu le courage de se déplacer pour venir voir). Depuis, ils ne se sont plus quittés ou presque, ont voyagé dans quelques pays d’Europe, ont canotés dans la Suisse Normande et se sont marrés comme de gros cétacés au cours de soirées où l’on raconte d’importe quoi (les meilleures).
________________________
(la Poison - Ivy Rhus radicans Linné, c’est comme les Orties ou les premiers ministres de Chirac,
« elle produit une irritation douloureuse »)
Cette semaine, le népalais et Joce s’ont allés se perdre dans l’ancien parc d’attraction de Glen Echo,
un lieu fantôme où se perdent encore quelques gamins américains en camp
d’été « Dance irlandaise » ou « Poterie et macramé ». Là-bas, on dirait
le temps s’est arrêté dans les années 50 et la nature reprend petit à petit ses droits.
Au départ, les garçons étaient partis à la recherche d’un bouquiniste dont Joce avait trouvé l’adresse sur le web. Mais comme l’Internet est la grande foire au n’importe quoi et qu'à eux deux, les garçons ont autant le sens de l'orientation qu'Anne-Laure perdue dans le mall de Montgomery (j'me comprends, j'me comprends), ils n’ont jamais trouvé le marchand de livres d’occas’ promis. Par hasard, ils sont tout de même tombés le propriétaire des deux seules Pigeots présentes sur le sol étatsunien : un moment inoubliable immanquablement immortalisé par un cliché valant de l’or.
Le soir, Joce a préparé un risotto dit "un risotto des familles". Par peur de faire passer le blog pour celui de Jamie Oliver, « The Naked Chef » qui fait craquer notre copine charlotte, nous nous abstiendrons de vous en donner la recette. Dommage, parce que c’était rudement bon !
Plus tard dans la semaine, les garçons sont allés visiter le Air and Space Museum (à droite du Capitole juste avant le musée des Indiens). Ce fut un véritable supplice pour le népalais. Pourquoi ? Parce que Joce est le fils des amours impossibles entre Chuck Yager et Hubert Reeves. Il parcourt le musée à deux à l’heure en apportant les informations indispensables et toutes les autres sur chaque objet exposé. Pour le népalais, les avions évoquent surtout un moyen de locomotion. Pour Joce, c’est une religion.
Et
vas-y que ch’te raconte que celui-là est le premier à avoir franchi le mur
du son et que le 3e pilote d’essai est mort en avalant de travers son
chewing-gum alors qu’il était en vol. Et vas-y que ch’t’explique pour
les ailes de celui-ci sont inversées et que sa consommation de
carburant est 3 fois moins importantes que le modèle russe sorti 6 mois
plus tôt et que quand même, tu te rends compte combien c’est
extraordinaire.
Bref, un vrai calvaire.
Pour se détendre un peu le vendredi soir venu, nos trois amis sont allés régresser
chez Dave and Buster’s
tout en haut du mall de White Flint (celui-là même où Boubou avait demandé en
anglais et en espagnol à qui voulait l’écouter, l’adresse du glacier le plus
proche).
Dave and Buster’s est un concept typiquement américain. On peut y
manger, on peut y boire, on peut y tuer virtuellement des aliens, des zombies
ou des terroristes, on peut y faire tomber des pièces sur d’autres pour gagner des tickets qui donnent droit à des gadgets immondes, on peut y
lancer des boules dans des trous numérotés pour gagner encore
plus de tickets, on peut faire glisser des palets sur des tapis d’air
pulsé, bref, on peut y passer de longues heures en état de cognition
basse, s’y
amuser entre amis et en revenir avec des verres estampillés de
l'établissement.
Samedi
après-midi, pendant
que le népalais essayait son nouveau microphone, Joce et Anne-Laure
sont allés
se rhabiller et se rechausser dans les rues commerçantes de
Gaithersburg. La népalaide y a rencontré son premier ours du Maryland
et en est revenue avec 14 "petits hauts super pas chers et vraiment
trop mingnons", 6 jupes "affaires en or et vraiment super bien
coupées", une paire de lunettes "à $2.50 que ça vallait vraiment pas le
coup de s'en passer" et on en passe et des moins onéreux.
Bref, on se calme et on boit frais sous le soleil de Rockville.
A bientôt les amis.