Ultimate Colossal
Nous avions
arrêté le récit des aventures des népalais à samedi après-midi dernier.
Anne-Laure et Joce avait discuté avec une statue d’ours en bronze dans un mall
et étaient revenus nouvellement vêtus et fourbus de leurs pérégrinations
mercantiles.
Le réveil
dominical de Joce fut douloureux. Cela faisait déjà 18h qu’il n’avait pas
englouti un burger et les effets du manque se faisaient ressentir. Dans sa
serviette de bain qui lui servait de pagne, il grelottait et, vers midi, son
corps parcouru de spasmes inquiétants réclamait tout entier sa ration
quotidienne de cholestérol et de graisses insaturées. Qu’à cela ne tienne, nos
amis s’en furent se goinfrer au Ruby Tuesday du
quartier.
Les népalais sont
raisonnables, c’est une lapalissade. Dans le restaurant, ils ont commandé du
chou cuit à la vapeur sans matière grasse accompagné d’une tranche de blanc de
poulet. Joce est un ogre. Comme dirait ma grand-mère, vaut mieux l’avoir en
photo qu’en pension. Il a donc opté pour un triple "Ultimate Colossal
Burger" (Two half pound burgers on a triple-decker bun with American and
Monterey Jack cheese), un sandwich qui aurait pu nourrir le Niger, le Biafra et
le Mali tout entier pendant trois semaines.
Et il en était
fier, en plus !
Pour digérer, notre
belle équipe s’est ensuite dirigée vers l’un des nombreux parcs
nationaux de la région, en l’occurrence, le Great Falls State Park côté Maryland (et même que, de Rockville, ce n’est pas la peine de prendre la I-495 : on y est en 20 minutes).
Dans le Great
Falls Park, on peut voir des grandes chutes, des daims et des hérons. Comment
vous dire ? Le Great Falls Park, c’est un trou de verdure où chante une
rivière qui accroche follement aux herbes des guenilles d’argent et où le
soleil, de la montagne fière luit. En deux mots, c’est un petit val qui mousse
de rayons.
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Lundi, Joce est
reparti voir les X11, les B52 et autres avions à réaction (ou pas) pendant que
Vincent s’épuisait les yeux derrière son écran à la recherche… bon, ok. On sait
tout ça. Pas la peine de s’éterniser.
Le soir, Joce
décida qu'il fallait rentabiliser au maximum les $5 d’entrée payés aux rangers du Great
Falls Park dimanche. Mardi serait le jour d’une grande ballade dans la partie
Virginienne du parc avec pique-nique, chaussures de randonnée et gourde dans le
sac.
Le Mardi 9 août
2005 fut le jour le plus pluvieux que la région de Washington ait connu depuis
1836.
Et bien, vous nous croyez si vous voulez, mais les gars y sont allés tout de même ! Sous leurs ponchos en plastique jaune acheté le matin même ($1.50 à Sports Authority : inutile de s’en passer), ils sont allés se crotter les baskets parmi les daims, les hérons et les grandes chutes. Et même qu’ils se sont bien marrés, tellement la situation était ridicule. Imaginez les deux sacs poubelles ambulants perdus au milieu des bois sombres, attaqués par des sangsues (véridique !), harcelés par des daims prétentieux qui ne craignent pas la pluie (re-véridique !), nargués par des castors bien au chaud sous leur fourrure de chez Gucci (re-re-véridique – de toutes façons, c’est pas notre genre de raconter des billevesées ou des carabistouilles ici) : c’était à mourir de rire - ou de pneumonie, au choix.
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Mercredi
matin, le
réveil de Joce fut douloureux. Cela faisait déjà 24h qu’il n’avait pas
consommé et les effets du manque se faisaient ressentir. Dans sa
serviette de bain qui
lui servait de pagne, il grelottait et, vers midi, son corps parcouru
de
spasmes inquiétants réclamait tout entier sa ration quotidienne
d’achats en
tous genre. Qu’à cela ne tienne, Vincent l’emmena de quoi satisfaire
son
appétit dans les boutiques de Georgetown.
Résultats des
courses : 18 comics, un jeu de société, une Ben & Jerry (à consommer sur place), un BLT
(sandwich Bacon-Laitue-Tomate pour les incultes), une promenade sur les bords
débordants du Potomac (déluge de la veille oblige) et 45 minutes de perdues pour
retrouver le dragon rouge dans les ruelles chics du quartier.
Sur
le chemin du retour, Joce n’était toujours pas rassasié. Il a obligé
Vincent à s’arrêter dans un surplus de l’armée, dans un de ces lieux où
les américains de la Right Wing
- voire de la very right wing - viennent acheter leurs casques
allemands de la seconde guerre mondiale ou leurs couteaux de chasse
qui, en Europe, sont vendus sous l’appellation « Epées médiévales ».
A
ajouter à la liste de tout à l’heure : un t-shirt « Witness Protection
Program » et une parka polaire avec une toile à l’épreuve des balles
que Joce s’empressa de faire essayer à la népalaide une fois revenu à
la maison. Encore heureux qu’il n’ait pas acheté l’un de ces stickers
de voiture qui proclament « buy a gun every day: it is the law! » ou « Vegetarian : old indian word for bad hunter ».
Jeudi, c’est le jour des poissons dans le Maryland. Et pour voir ou manger des poissons, on va à Baltimore.
Et sur le chemin du retour, on a le choix :
Le
népalais a choisi Washington parce que sa femme adorée l'y attendait
mais, ce n'est pas l’envie qui lui manquait de bifurquer.
Voilà.
C'est tout pour aujourd'hui. Il est temps de préparer les valises : ce
week-end, les népalais et Joce s'en vont en Pennsylvanie...
A bientôt.
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Erratum : dans le précédent post de ce blog, il ne fallait pas lire
« Joce est le premier ami normand des népalais » mais « Joce est
le premier ami normand des népalais dans l’ordre chronologique de
rencontre vu que c’est pas notre genre de classer nos amis en fonction de
la place qu’ils ont dans nos petits cœurs d’expatriés ». La petite
Charlotte est maintenant rassurée.