R.A.S.
Tout le Montgomery County l’acclamait sur son passage. Les autorités émues durent escorter la voiture parentale à travers la foule. Des vierges éperdues se lacéraient la poitrine en criant son nom. Des vétérans de toutes les guerres juraient à qui voulait les entendre qu’ils pouvaient mourir maintenant qu’ils l’avaient vu. Samedi matin, Neil est rentré à la maison.
Cette nuit-là, Anne-Laure a fait preuve d’un courage dont seules les mères sont capables. Bravant une fatigue de Bradypus Tridactylus et un rhume de Merdarum Merdare, elle a patiemment appris à son fils à se remplir la bouche de son téton nourricier pour en tirer le meilleure d’elle-même. Dit comme cela, ça n’a l’air de rien. Lorsqu’on sait qu’il y eut trois séances de deux heures, ça force l’admiration, le respect et tous les autres trucs qu’on peut forcer dans ces cas-là. Après chaque tété, la belle jouait en plus les Shadoks pour pouvoir stocker le colostrum en prévision de l’hiver. Bref, elle fut admirable, extraordinaire, prodigieuse – en un mot, elle-même.
Pendant ce temps-là, le népalais pionçait comme un rat mort en pestant contre son épouse qu’il trouvait trop bruyante.
Au petit matin, frais comme un Carassin doré, Vincent profita des biberons entreposés dans le frigo pour faire un calin gastronomique à son fiston ruinant au passage l'apprentissage nocture prodigé par maman.
Puis ce fut une petite couche à changer, une petite sieste, une autre série
de gougoutte et ainsi de suite jusqu’au soir.
Une chose est sûr, c’est que Neil a au moins un point commun avec le
compositeur Pierre Henry. Constatez par vous-même :
Bonne semaine à tous.